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Les low-tech au service de l'habitat

Dans nos sociétés, les technologies, et surtout les hightech, les “hautes technologies” sont considérées comme des conditions sine qua non au progrès… voire liées au concept-même de bonheur. Comment conserver voire gagner en confort de vie en se passant de la technologie ? C’est ce qu’explorent de nombreuses personnes qui développent des projets low-tech. Tour d’horizon pour découvrir quelques low-tech et vous inviter à évaluer si elles auraient leur place chez vous.

Les limites des hautes technologies

Les processus utilisant des hautes technologies sont omniprésentes dans notre quotidien pour nous déplacer, communiquer, acheter des produits et des services, etc. Elles nous facilitent la vie à court terme et si on regarde uniquement le moment où elles nous rendent service. Mais les cascades d’impacts négatifs qu’elles induisent sur nos comportements et sur nos écosystèmes sont catastrophiques !

 

Pour créer ces objets high-tech, on peut citer notamment le pillage des ressources, l’exploitation des adultes et des enfants en Afrique et en Asie, les pollutions chimiques et celles l’eau. Pour leur assemblage et pour arriver dans nos foyers, les distances parcourues pour leur transport sont très importantes et génèrent d’importantes pollutions. Lorsqu’on les utilise, elles consomment énormément d’énergie (souvent nucléaire) et les problématiques d’obsolescence programmée ont de quoi nous intriguer. Et, en fin de vie, elles sont peu souvent recyclables et encore moins souvent réparables soi-même. 

 

Bref, la liste des problèmes liés à l’utilisation des high-tech est longue ! En alternative complémentaire, les low-tech ont fait leur apparition.

La philosophie low-tech

Au-delà d’une simple opposition aux high-tech, Pierre-Alain Lévêque et Clément Chabot présentent l’ensemble des valeurs et la philosophie low-tech dans leur rapport “Habitat low-tech : un projet LOW-TECH LAB”.

 

“Les « low-tech » sont des technologies, services et savoir-faire qui répondent aux critères suivants :

  • Utile : Une low-tech répond à des besoins essentiels dans les domaines de l’énergie, l’alimentation, l’eau, la gestion des déchets, les matériaux de construction, l’habitat, les transports, l’hygiène ou la santé.
  • Durable : Robuste, réparable, recyclable, elle est pensée pour que son impact écologique et social soit optimal depuis la production, la distribution, l’usage et jusqu’à la fin de vie.
  • Accessible : À l’inverse des high-tech, son coût et sa complexité technique ne sont pas prohibitifs pour une large tranche de la population.”

 

Des toilettes sèches à la climatisation low-tech, tous les services dans nos habitats ont leur alternative low-tech.



6 installations low-tech

1. Le récupérateur d’eau de pluie

Alliée de taille pour diminuer la consommation d’eau, l’eau de pluie peut être récupérée sur les toits. L’article 641 du Code civil indique que « tout propriétaire a le droit d’user et de disposer des eaux pluviales qui tombent sur son fonds ». Tant que vous utilisez l’eau de pluie pour tout autre usage que pour la boire, laver votre linge ou vous laver le corps, son usage est autorisé.

 

Vous pouvez donc utiliser l’eau de pluie pour alimenter la chasse d’eau des WC, laver les sols ainsi que votre voiture et arroser votre jardin. En pratique, l’installation d’un récupérateur d’eau de pluie nécessite simplement de placer des cuves étanches en dessous des gouttières. 

 

Même sans passer à une étape plus complexe de filtration et de traitement de l’eau de pluie pour la boire ou vous laver, installer un récupérateur d’eau de pluie vous fera réaliser de belles économies !

 

2. Le garde-manger et le frigo du désert : le frigo low-tech

“Montre-moi ton frigo et je te dirai qui tu es !” : cette phrase pourrait résumer le rapport que nous avons avec la nourriture. Qu’en est-il de l’objet, du frigo en lui-même ? À bien y regarder, est-ce logique de consommer de l’énergie en hiver pour chauffer la cuisine dans laquelle on va consommer de l’énergie pour refroidir l’intérieur d’une boîte et conserver des aliments ? À force d’utiliser des objets tous les jours, on finit par ne pas remettre en question leur intérêt…

 

Pour l’hiver, vous pouvez donc simplement fabriquer un garde-manger que vous placerez à l’extérieur. Pour l’été, le frigo du désert est une découverte extraordinaire pour toutes les personnes qui l’utilisent !

 

Le frigo du désert fonctionne grâce à la chaleur ambiante. Deux pots d’argile de tailles différentes sont placés l’un dans l’autre, avec une couche de sable entre les deux. La nourriture à conserver au frais est placée à l’intérieur du plus petit pot d’argile. Le sable est arrosé le matin et le soir ; plus il fait chaud à l’extérieur, plus la chaleur va contraindre l’eau contenue dans le sable mouillé à s’évaporer. Schématiquement, en s’évaporant, l’eau emmène avec elle l’air chaud contenue à l’intérieur du pot… qui va alors se refroidir ! En plein été avec une chaleur ambiante de 36°C, un frigo du désert de 40 cm de haut peut descendre à 9°C.

 

Si vous voulez tester cette installation low-tech, de nombreuses vidéos et le tutoriel en open access du low-tech lab expliquent facilement comment réaliser un frigo du désert.

 

3. Le capteur à air chaud : le chauffage low-tech

Chauffer un habitat est très énergivore. Impossible n’étant pas low-tech, une alternative complémentaire très efficace au chauffage a été trouvée : le capteur à air chaud. Comme son nom l’indique, cette technique consiste à réchauffer l’air intérieur grâce à un capteur noir, situé à l’extérieur, qui absorbe les rayonnements solaires et réchauffe l’air sous le capteur. Le capteur communique avec l’intérieur via un trou situé en bas pour l’arrivée d’air froid et d’un trou situé plus haut pour pousser l’air chaud vers la sortie, c’est-à-dire à l’intérieur de l’habitat. Le capteur à air chaud permet de gagner 5 à 7°C dans l’habitat : il constitue donc un très bon complément au chauffage déjà installé.

 

Au-delà du chauffage, vérifiez l’isolation et évitez tous les ponts thermiques qui pourraient réduire drastiquement vos efforts pour chauffer votre habitat. Une meilleure isolation vous permettra déjà de réaliser des économies d’énergie.

 

4. L’adaptation du capteur à air chaud avec une trappe pour créer une climatisation low-tech

À l’instar d’une climatisation réversible, nous avons une bonne nouvelle si vous souhaitez minimiser vos efforts de bricolage. En ajoutant une trappe au capteur à air décrit précédemment, il deviendra l’été un capteur à air frais ! La trappe permet une ventilation passive de l’habitat : elle laisse s’échapper l’air chaud du capteur et aspire l’air de l’habitat.

 

En complément, il existe une solution très simple pour baisser la température dans votre habitat et qui diminuera par ailleurs la luminosité de la pièce. Elle consiste à appliquer des couvertures de survie contre les fenêtres, à l’instar des pare-soleil de voitures, en les plaquant avec un pulvérisateur d’eau, face dorée dans la pièce et face argentée au soleil. À vous un été low-tech et serein !

 

5. La marmite norvégienne : la cuisson low-tech

L’intérêt d’une marmite norvégienne réside dans le fait de consommer moins d’énergie car le plat va cuire de façon passive. Elle est utile pour faire cuire tout ce qui prend longtemps à cuire à feu moyen ou doux, comme le ragoût, la ratatouille, le quinoa, le riz, les lentilles, etc.

 

Le principe de la cuisson dans une marmite norvégienne (qui n’a de norvégien que le nom) consiste d’abord à faire chauffer une casserole qui a une bonne inertie thermique pendant 5 minutes : les casseroles en fonte sont donc souvent utilisées. Puis, la casserole est placée dans une caisse isolée thermiquement : cela va permettre de prolonger la cuisson de façon passive, pendant plus longtemps cette fois-ci, en moyenne 2 heures. Comme toute la chaleur emmagasinée par le récipient est conservée par l’isolation thermique de la caisse, il n’y a pas besoin d’apporter de l’énergie supplémentaire. 

 

Vous pouvez réaliser une marmite norvégienne avec du matériel de récupération : il vous faudra une couverture de survie, un plaid polaire, des bouchons en liège et une caisse (en plastique ou en bois). Il est possible de faire une marmite norvégienne sous forme de caisson qui pourrait servir de repose-pieds ou de table basse dans la cuisine !

 

6. Les toilettes sèches : les toilettes low-tech

Pour réaliser des économies d’eau, rien de tel que d’installer des toilettes sèches dans votre habitat. Selon les Nations-unies, 1 personne sur 3 dans le monde n’a pas accès à de l’eau potable et 2 personnes sur 5 ne peuvent pas se nettoyer les mains à l’eau et au savon. Dans la liste des chiffres effarants, il y a la quantité d’eau potable utilisée pour tirer la chasse d’eau : de 8 à 12 litres par utilisation ! Par an, cela représente une consommation ahurissante de 13.000 litres d’eau potable par personne qui utilise des toilettes à eau, c’est-à-dire un bassin carré de 3 m sur 1,5 m de profondeur… Il serait peut-être temps d’arrêter de souiller de l’eau potable destinée à être bue et de préserver nos ressources en eau !

 

L’alternative la plus simple consiste à utiliser des toilettes sèches, qui ne consomment donc pas d’eau. La cuvette est la même, le papier-toilette est le même, la position pour aller aux toilettes est la même. Ce qui change c’est qu’au lieu de tirer la chasse, vous placez une pelletée d’un mélange sciure-copeaux de bois dans les toilettes et qu’il faut vider le seau une fois par semaine dans un composteur et le nettoyer. Si vous souhaitez réaliser des toilettes sèches, installez une bavette qui assurera l’étanchéité entre la lunette et le seau. Vous trouverez de la sciure et des copeaux de bois secs et fins gratuitement près de chez vous dans une menuiserie ou dans une scierie.

Simplicité et modernisme

La simplicité et la rusticité ne sont pas synonymes de retour dans le passé ou de manque de confort, bien au contraire ! De plus, la qualité du temps passé à faire une tâche plus longue mais plus satisfaisante et qui peut nous permettre de transmettre à notre tour une compétence à quelqu’un est une voie d’épanouissement à explorer.